Blottie tout au fond de mon cœur, tu veilles à ce que tout ce que je vis honore ta présence et ta mémoire. Tu es parfois douce et heureuse, parfois rebelle, parfois inconsolable, parfois sauvage, parfois souffrante et toujours surprenante et créative. Je ne me souviens pas d’une seule journée où tu es restée silencieuse. Les mots sont tes outils, le train de la pensée ton moyen de transport. Les images du passé auxquelles tu t’accroches et que tu m’envoies quotidiennement sont ta manière de me rappeler ton existence.

Tu es profondément attachante avec ta part d’insouciance, tes petites manies, tes besoins et tes attentes. Je t’observe et savoure chacune de tes interventions inspirées. Puis, quand tu deviens furie, je ne sais plus comment penser ni réfléchir. C’est comme si tu avais pris d’assaut mon esprit et que tu déchainais toutes les mémoires du passé dont tu es la gardienne. Ces jours-là, tu refuses toute coopération, tu diriges la tempête de mains de fer et ma journée finit sens dessus-dessous. Le soir, quand c’est l’heure de te reposer enfin, j’avance à pas de loup pour t’approcher et te rassurer, te serrer tout contre moi et te dire combien je t’aime même si…

Même si tes blessures ont grandi avec toi et qu’elles se sont accumulées avec les répétitions des schémas que tu considères comme la seule et unique vérité.
Même si tes manques sont autant de gouffres dans lesquels je tombe encore par manque de vigilance.
Même si tu es convaincue que toutes tes illusions sont des vérités et qu’elles guident tes actions.
Même si tes jeux se sont transformés en réalité sans que tu puisses vraiment comprendre ni pourquoi ni comment et que finalement, tu y joues encore en ayant oublié les règles…
Tu vois, je t’aime même si tu souffres ma petite fille adorée. Je t’aime même si tu es restée bloquée dans ton épanouissement et que tu as perdu le chemin de la joie, du plaisir et de l’amour en pensant que devenir adulte était quelque chose de sérieux.
Avec les années, j’ai appris à développer une compréhension du fonctionnement humain et j’ai découvert de merveilleux outils pour pouvoir reprendre contact avec toi, dans l’amour inconditionnel, le pardon et la bienveillance. Comme disent certains, “tu n’es pas venue avec le mode d’emploi”, et je me sentais bien démunie pour t’accueillir dans toutes tes facettes, sombres ou lumineuses.
Et aujourd’hui, j’écris en sachant que tu es là, timide mais bien solide, à l’affut d’une faille pour peut-être me détourner de ma route d’adulte, pour que je ne t’oublie pas. Je te vois ma belle enfant. Je te vois. Tu n’as pas besoin de cris ou de brans-le-bas de combat pour attirer mon attention. Je suis avec toi, disponible et présente. Je sais à quel point tu as pu être en souffrance, incomprise, triste ou frustrée. Je comprends ton sentiment d’abandon, de rejet et cette distance invisible qui nous oppose chargée de malentendus et d’invisibilité. Depuis plusieurs années, j’observe avec beaucoup de compassion ce qui t’as affecté au point de t’enfermer dans tes propres murs inconscients. Les chaînes que tu utilises pour faire du bruit et de donner l’impression d’être vivante ne sont plus utiles, tu peux t’en libérer. Tu peux les laisser derrière toi avec fierté d’oser une nouvelle aventure. Tu peux prendre le temps de les remercier pour tout ce qu’elles ont pu t’apporter jusqu’à aujourd’hui et lâcher ce métal froid.
Apaise-toi ma chérie, je suis maintenant capable de t’accueillir les bras grands ouverts et de te serrer fort pour te rassurer. Tu n’es plus seule, tu n’as plus à te cacher ni à hurler, ni même à changer d’apparence selon les circonstances. Je sais maintenant comment consoler tes douleurs. Je suis devenue cette maman dont tu as rêvé et ce papa que tu as cherché pour pouvoir t’aider à retrouver le chemin de la vie pour que tu puisses t’épanouir et briller de toute ta lumière.
Allez, viens mon amour, quand tu seras prête, nous respirerons un bon coup pour plonger ensuite dans l’aventure de la vie comme tu l’as connue dans tes grands moments de liberté et d’insouciance. Je suis prête à sauter de cailloux en cailloux jusqu’au bout de nos rêves. À deux, rien ne peut nous arriver.

Prends ma main, nous allons construire notre quotidien dans la joie et le plaisir de ressentir la vie couler en nous. Tu es mon plus beau cadeau, ma raison de vivre. Tu es mon moteur. Tu es mon enfant intérieur. Je t’aime.

Ce texte est une introduction à la journée de formation sur l’enfant intérieur offerte aux étudiants de l’école de santé holistique SATNAM de mon amie Stéphanie Dubé.